Un ancien stagiaire de Mike Sapieha vole de ses propres ailes.

30 septembre 2022

Sergio Crespo-Garcia: avoir à l’œil les maladies de la rétine

  • LE 27 SEPTEMBRE 2022 

  • BÉATRICE ST-CYR-LEROUX
Sergio Crespo-Garcia

Le chercheur spécialisé en neurodégénérescence rétinienne Sergio Crespo-Garcia rejoint les rangs de l’École d’optométrie à titre de professeur adjoint.

«Je veux devenir le “gars de la rétine”», lance en riant Sergio Crespo-Garcia, nouvellement professeur adjoint à l’École d’optométrie de l’Université de Montréal.

Originaire d’Espagne, Sergio Crespo-Garcia a toujours eu un faible pour les sciences. D’abord intéressé par une carrière en botanique ou en entomologie, il tombe pourtant sous le charme de la biomédecine au cours de son baccalauréat en biologie.

Il s’inscrit par la suite à l’Université Complutense de Madrid et entreprend une maîtrise en génétique et biologie cellulaire, où prend racine son intérêt marqué pour les maladies liées aux vaisseaux sanguins. Il travaille alors à l’élaboration de peaux artificielles pour les grands brûlés en faisant appel aux cellules souches, concept qu’il appliquera aux ulcères diabétiques.

De la peau… à la rétine

Comme le diabète affecte également les yeux, Sergio Crespo-Garcia découvre le monde de la rétine, plus particulièrement celui des maladies vasculaires rétiniennes. C’est justement ce sujet qu’il décidera d’étudier pendant son doctorat en biomédecine à l’Hôpital universitaire de la charité de Berlin.

«Quand j’ai lu davantage sur ce minuscule organe, j’ai été fasciné d’apprendre à quel point il était complexe avec ses 50 types de cellules si bien organisées. Si l’une d’elles ne fonctionne pas bien, tout s’écroule et la vision devient impossible. En rencontrant plusieurs personnes atteintes de cécité en raison de troubles rétiniens, j’ai compris à quel point un organe si petit pouvait avoir des répercussions énormes sur la qualité de vie des gens. Et j’ai voulu avoir une approche thérapeutique pour leur venir en aide», raconte-t-il.

Déterminé à approfondir ses connaissances sur la rétine et les troubles qui y sont associés, il suit une formation à l’Université de Lincoln, au Royaume-Uni, pour améliorer les diagnostics qu’il pose et sa compréhension de la cécité.

La santé des patients dans sa mire

C’est à une conférence à Tokyo qu’il rencontre le réputé chercheur et professeur du Département d’ophtalmologie de l’UdeM Mike Sapieha. Ce dernier l’invite à faire un stage postdoctoral dans son laboratoire du Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

«J’étais comme un enfant qui rencontre son superhéros préféré, se rappelle Sergio Crespo-Garcia. Au doctorat, je lisais toujours ses articles et je l’admirais énormément. J’ai adoré mon stage à ses côtés!»

Dans l’équipe du professeur Sapieha, Sergio Crespo-Garcia continue ses recherches sur la dégénérescence rétinienne et le diabète. Il s’affaire à mieux comprendre les interactions entre neurones, vaisseaux sanguins et cellules immunitaires dans la rétine atteinte d’une maladie oculaire.

L’approche novatrice de l’équipe de recherche, à la jonction de la biologie moléculaire et de la biochimie, se traduit d’ailleurs par la publication de nombreux articles dans des journaux de grande renommée, comme Science et Cell Metabolism. Le laboratoire de Mike Sapieha est le premier au monde à soumettre la rétine à un traitement sénolytique – qui permet l’élimination sélective de cellules sénescentes –, qui fait actuellement l’objet d’un essai clinique.

Aujourd’hui, Sergio Crespo-Garcia est très heureux non seulement de pouvoir collaborer avec Mike Sapieha, mais également de devenir son collègue à l’Université de Montréal. Et il compte bien poursuivre ses efforts pour accroître sa compréhension des maladies neurovasculaires oculaires afin éventuellement de trouver davantage de traitements pour les patients.

«À l’École d’optométrie, il est possible de joindre la recherche fondamentale et la recherche clinique. Dans mon laboratoire, je pourrai travailler à mieux comprendre comment les cellules individuelles qui composent les vaisseaux sanguins de la rétine deviennent malades et comment les interactions entre ces cellules sont essentielles à la santé de la rétine. En levant le voile sur ces mécanismes, on peut espérer avoir de vraies répercussions dans la vie des gens», conclut le nouveau professeur adjoint.