Le 14 novembre dernier, lors 75ème Gala de l’Acfas (Association canadienne-française pour l’avancement des sciences), Dr Sylvain Chemtob a reçu le Prix Acfas Léo-Pariseau pour ses recherches en maladie de la rétine chez les prématurés.
Ce prix, créé en 1944, est décerné à un chercheur émérite afin de souligner l’excellence et le rayonnement de ses travaux ainsi que de ses actions dans le domaine des sciences biologiques ou des sciences de la santé. La liste des précédents récipiendaires est impressionnante. Notons par exemple, les légendaires Marie-Victorin, Roger Gaudry, Lionel Groulx.
Nous vous invitons à découvrir l’élogieux portrait de Docteur Chemtob, qui a été réalisé par l’Acfas:
Médecin et chercheur, il est reconnu comme une sommité mondiale dans le domaine des maladies de la rétine chez les prématurés, la plus importante cause de cécité de l’enfance dans les pays développés. Dans ce domaine comme dans d’autres, il a littéralement bouleversé tant la théorie que la pratique. Des concepts scientifiques fondamentaux bien établis ont été réévalués et des pratiques cliniques très enracinées ont été modifiées à la suite des recherches cliniques menées par son laboratoire. Ses différentes activités tout comme la mise en marché des résultats de ses découvertes, ont aussi ouvert de nouvelles perspectives, par exemple, dans le travail d’accouchement de nouveau-nés, là où les outils de dépistage sont un enjeu vital.
Depuis son recrutement en 1991, à titre de clinicien et chercheur au CHU Ste Justine et à l’Université de Montréal, Sylvain Chemtob poursuit des travaux de recherche ayant pour objectif la compréhension des mécanismes impliqués dans les causes et les développements des maladies de la rétine et de celles provoquées par la diminution de l’apport sanguin au cerveau. Il s’intéresse à ces rétinopathies et à ces encéphalopathies ischémiques tant chez l’enfant que chez l’adulte. Sans surprise, il est l’auteur du chapitre sur la rétinopathie du prématuré dans l’ouvrage de référence Neonatology. Plus récemment, ses travaux l’ont aussi mené vers les aînés en raison de son intérêt pour la dégénérescence de la macula, cette partie de la rétine où l’acuité visuelle est la plus forte et qui se détériore avec l’âge.
Dans les premières années de sa carrière, le lauréat propose l’introduction de l’ibuprofène comme moyen de traiter de manière sécuritaire, chez le prématuré, le canal artériel perméable – ce vaisseau sanguin relie chez le fœtus la circulation pulmonaire à la circulation systémique, et il doit normalement se fermer après la naissance. Le traitement sera approuvé par l’Agence européenne d’évaluation du médicament en 2004 et par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux en 2006. L’ibuprofène constitue maintenant la référence clinique, une avancée présentée dans la revue Nature Medicine en 2010.
En 1998, Sylvain Chemtob réalise une découverte fondamentale relative au tissu nerveux : il transforme les concepts biologiques établis en affirmant que la localisation cellulaire des récepteurs détermine leurs fonctions. En 2014, avec son équipe, il montre que des récepteurs du noyau cellulaire de ces neurones participent de premier plan au processus de croissance de nouveaux vaisseaux sanguins. Cest là une découverte critique non seulement pour la conception et l’optimisation de médicaments destinés à contrer les vasculopathies rétiniennes, mais également dans plusieurs autres conditions où l’on retrouve des récepteurs transmembranaires dans le noyau cellulaire.
Les travaux du Dr Chemtob sont aussi pionniers dans l’identification de processus inflammatoires communs en prématurité au moment du travail de préterme – soit lorsque des contractions commencent à dilater le col de l’utérus avant 37 semaines – et dans les cas de rétinopathie du prématuré. Pour remédier à ces mécanismes pathophysiologiques communs en prématurité, il conçoit un puissant composé anti-inflammatoire qui s’avère efficace à la fois pour contrer les naissances prétermes et la rétinopathie du prématuré. Ce composé a été choisi comme l’une des 10 découvertes majeures de 2015 par la revue Québec Science – « Bientôt, moins de bébés prématurés » – et reconnu, en 2018, par la Perinatal Research Society, qui a décerné au Dr Chemtob son prix Vanderbilt.
Le chercheur détient plus de 30 brevets dont plusieurs ont été transférés à l’industrie. Il a aussi créé deux compagnies de biotechnologies; l’une a été acquise par Theratechnologies Inc., et l’autre est sur le point de prendre son envol. Aussi, ses découvertes en périnatalité et son leadership scientifique l’ont incité à développer un consortium regroupant les meilleurs chercheurs internationaux en périnatalité provenant des États-Unis, du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, de la Grande-Bretagne, de la Chine et de Singapour.
Le lauréat est enfin un mentor exceptionnel et pleinement reconnu à ce titre. Il a formé jusqu’ici 94 étudiants, dont 81 inscrits aux cycles supérieurs ou stagiaires postdoctoraux. Témoignant de l’encadrement remarquable qu’ils ont reçu, 90 % d’entre eux connaissent un grand succès dans leur carrière : professeurs universitaires, directeur dans l’industrie pharmaceutique, directeur de programmes à Santé Canada ou autres agences réglementaires, etc. Autant d’ambassadeurs de l’excellence de la formation offerte par Sylvain Chemtob.
Source: https://www.acfas.ca/prix-concours/prix-acfas/2019/prix-leo-pariseau/sylvain-chemtob